Pensons à l'avenir...

Bonjour,

Depuis deux jours, je mange peu, je dors peu, je pleure un peu, je crie au téléphone avec mes parents, je réfléchis beaucoup. Il y a deux jours, lors d'une réunion, j'ai été informée de la "délocalisation" de mon entreprise et invitée à suivre.

Non, on ne délocalise pas en Europe de l'Est, on délocalise en France.
C'est déjà pas si mal, Belgique-France c'est pas bien loin et ça fait de l'emploi.
Sauf que c'est à Lyon. Si vous me suivez bien, vous savez que j'habite Lille.

Mes premières questions ont été d'ordre financières. Logique hein, on ne fait pas de bénévolat.
Quelles sont les aides pour le déménagement, pour trouver un logement, pour trouver un boulot pour Zhom, une nounou pour le Microbe ? Pour tout ça je n'ai pas de réponse. Grand Chef n'étant pas Big Boss il ne peut pas s'engager.

Une fois rentrée à la maison, après la crise de larmes retenue toute une journée (fallait que ça sorte) je me suis mise à réfléchir à toutes les implications qu'une telle décision pourrait avoir.

Le Microbe est petit, il saurait s'adapter. Mais est-ce que ça ne lui ferait pas bizarre de ne plus voir nounou, celle qui s'occupe de lui depuis que j'ai recommencé à travailler ?
Et ses grand-parents, bien sûr ils sont "chiants" mais bon, il a tissé avec eux un lien que je n'ai pas eu avec les miens, c'est important ça.
Et son parrain, sa marraine, ils ne sont pas si loin que ça, on les voit régulièrement. C'est pas comme moi, ma marraine habite Marseille et je ne l'ai pas vu depuis plus de 10 ans.
Et ses amies ? Oui, il est tout petit mais il a des amies, les deux poupettes de Bad Axelle, il les adore et n'est jamais aussi heureux que quand il les voit.
Et Tonton Fred, Tatie Céline et Tonton Olivier ?

Et nous dans tout ça ? Est-ce qu'on saurait partir si loin, sans personne à qui se raccrocher en cas de pépin, sans aucune visibilité sur où on va se trouver, repartir de zéro sur tous les plans, ne plus voir personne sauf l'été.

Après je pense "boulot". Ok je ne suis pas une carriériste mais je me suis investie pendant 4 ans, j'ai monté une clientèle avec Grand Chef, tissé des relations clientèles, amorcé de gros développements, augmenté régulièrement le chiffre d'affaires.
C'est probablement à cause de tout ça qu'on me propose de suivre.
J'aime la boîte pour laquelle je travaille, j'ai le team spirit comme on dit, des connaissances aussi à force et surtout j'aime ce que je fais, cette complexité du milieu pharma qui me fait m'arracher les cheveux et qui pourtant me donne l'énergie de me lever le matin.

Mais est-ce que je suis vraiment prête à tout quitter pour un job ? C'est clair que le marché de l'emploi dans le Nord n'est pas au mieux mais bon quand on est motivé on trouve toujours quelque chose, et puis même si mon grand rêve est de rester dans le même secteur je suis réaliste, un changement d'univers est toujours envisageable. L'avantage c'est que toutes les expériences que j'ai pu avoir au long de ces 4 ans m'ont ouvert d'autres horizons, donc j'ai les compétences pour d'autres postes plus diversifiés. J'ai toujours voulu faire du sourcing ou des achats, ce serait l'occasion vu que maintenant j'ai l'expérience.

Les jours s'enchaînent, identiques, réflexion intense car je ne peux pas moralement tirer un trait sur 4 ans comme si de rien n'était. Même si la balance penche sérieusement vers le "non, je ne pars pas, uniquement pour mon équilibre et pas parce que je n'en ai rien à faire de la société".
J'ai quand même la difficile impression d'être un pion qu'on déplace à son bon vouloir, les décisionnaires ne prennent pas en considération les 700km, limite Paris ou Strasbourg ça m'aurait quand même moins dérangé.
Ma collègue ne suit pas, mon Grand Chef ne sait pas encore (rapport à Madame qui ne veut pas trop), donc en gros on délocalise pour repartir de zéro avec même de nouveaux employés qui n'y connaissent rien, bonjour la crédibilité.

Je commence à me faire à l'idée et à envisager que dans quelques temps je serais donc probablement au chômage, quand je ne le sais pas encore, mais avant la fin de l'année. Espérez juste que je trouve chaussure à mon pied sur le versant Sud de la Métropole Lilloise, ou même Nord j'suis pas difficile mais ce serait plus embêtant rapport à la circulation (à bon entendeur...)

Bonne journée (quand même) !